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VU À L'ÉTRANGER El Tejar, pionnier de la production déléguée ultracompétitive

L'entreprise argentine El Tejar exploite 600 000 ha dans cinq pays d'Amérique du Sud, en faisant appel à des prestataires de services et des distributeurs locaux.

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« Notre savoir-faire est la production de graines sur de grandes surfaces louées. Nous exploitons actuellement 600 000 ha répartis en Argentine, au Brésil, en Uruguay, au Paraguay et en Bolivie. 80 % de cette surface est louée, le reste a été acheté au cours des dix dernières années », explique Luis Kasdorf, directeur des relations publique du groupe argentin El Tejar. « El Tejar n'est pas une multinationale, ni un pool de semis, précise-t-il d'emblée. Contrairement aux pools de semis, nous fonctionnons sur le long terme. Par ailleurs, nous appliquons le concept de multilocalité en faisant appel à des prestataires de services et des distributeurs basés localement. »

Organisation en réseau de réseaux

En Argentine, un « pool de semis » désigne une association d'exploitants agricoles qui loue des terres pour une durée courte, sous-traite tous les travaux des champs et qui peut se dissoudre dès le partage des bénéfices (ou pertes) de la campagne. El Tejar a développé ce modèle de sous-traitance à très grande échelle, mais le groupe s'est maintenu et même élargi. A l'origine, il était formé par une dizaine d'éleveurs de bovins viande du bassin du Salado, près de Buenos Aires, reconvertis dans l'agriculture dans les années quatre-vingt-dix sous l'impulsion du semis direct et de la technologie Round-up Ready, en soja, disponible dès 1996.

En 2001, El Tejar exploitait « seulement » 30 000 ha. Aujourd'hui, le groupe rassemble 82 familles argentines et d'autres actionnaires étrangers, pour une production annuelle d'environ 3 Mt de graines. Comme El Tejar, d'autres poids lourds de l'agro-industrie argentine exportent ce modèle de production déléguée ultra-compétitif. « Nous sommes des pionniers de l'organisation de la production agricole en réseau de réseaux », s'enthousiasme Luis Kasdorf. Les chefs de culture de l'entreprise sont responsables de 3 000 à 6 000 ha chacun, selon l'emplacement des parcelles. « El Tejar emploie 750 employés, mais compte 5 030 fournisseurs et clients. Environ 20 000 professionnels collaborent avec nous », note Horacio Ackermann, le directeur commercial. L'achat des intrants et la commercialisation des récoltes sont centralisés.

Comité des prix par vidéoconférence

Chaque lundi, le « Comité des prix » se réunit au siège dans la proche banlieue de Buenos Aires, pour définir les stratégies d'achat et de vente. Les responsables pays y assistent par vidéoconférence. En août dernier, El Tejar avait vendu 20 % de sa future production de soja, alors que les semis démarrent en octobre. « Nous avons, par ailleurs, acheté tous les intrants nécessaires à cette campagne, informe Horacio Ackermann. Ces achats sont centralisés mais leur distribution est assurée localement. » Même recette partout : l'exécution des travaux est externalisée tandis que la stratégie, la gestion, la planification et le contrôle sont centralisés. Le groupe offrirait à ses associés des dividendes annuels de 5 à 6 %, très souvent réinvestis. « Nos ressources et notre échelle nous donnent un avantage certain sur les autres producteurs, admet Luis Kasdorf. Mais obtenir des intrants à bas prix dépend encore plus du moment de l'achat que du volume acheté. »

Marc-Henry André

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